Nous y sommes. Accroupi, en équilibre périlleux sur un tuyau moussu et rongé par la rouille, notre regard plonge dans ce dédale monochrome où l’univers familier du peintre se déploie : tuyaux enchevêtrés, racines grimpantes, blocs de pierres en amas ou éboulis, eau suintante, métaphore de notre monde et de son devenir inquiétant. L’atmosphère lourde et angoissante de ce pastel à l’huile est pourtant contre balancée par cette diagonale colorée et lumineuse placée au centre du tableau. Là une chaine humaine réduite à l’essentiel s’est formée : en contrebas, une femme, une mère, sans doute, vêtu de quelques haillons, porte à bout de bras son bébé au dessus de sa tête, qu’elle tend vers un homme, lui aussi tout en tension, sans doute le père, pour hisser cette enfant. Avec délicatesse il se saisit de sa main pour le mener avec lui plus haut loin des fonds obscurs et chaotiques. Au delà des apparences il se pourrait bien que cet enfant ne soit autre que nous même, emblème de notre fragilité, de nos manques et de nos faiblesses, mais qui, dans ce voyage difficile et agité qu’est la vie, n’est pas seul. Des mains sont là qui se tendent et qui appellent, qui guident et rappellent la direction à prendre : s’élever, encore et toujours, vers la lumière. C’est la notre Ascension, humaine. Crystel Zrnjevic